back in town..
Le soleil était déjà haut dans le ciel et le thermomètre montait à une vitesse impressionnante. D'ici quelques heures, la chaleur serait presque insupportable. Toutefois, cela ne dérangeait pas la jeune fille. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas goûté au parfum brûlant de l'air d'Albuquerque, au parfum de son chez-elle. On surnomme Paris la ville lumière, pas la ville soleil! Quant à Malte... Malte. Les souvenirs qu'elle en avait étaient biaisés, ils avaient un goût insupportable. Elle n'avait pas envie d'y penser.
Cachée au coin de la rue à quelques dizaines de mètres du lycée, Rachel attendait le bon moment pour s'engager vers l'établissement. La panique et l'appréhension la rongeaient. Elle avait tout quitté si vite et le fait qu'elle ne soit pas présente pour sa rentrée avait probablement laissé présager aux autres qu'elle ne reviendrait jamais. Elle culpabilisait de ne pas avoir donné de nouvelles régulières de France et espérait sincèrement que personne ne lui en tiendrait rigueur. Mais par dessus tout, Rachel craignait que tout ait changé, qu'on ne la reconnaisse plus et qu'elle soit réduite au statut d'étrangère aux yeux de ceux avec qui elle avait vécu une bonne partie de sa jeunesse.
Rachel trépignait sur place. Cela faisait plusieurs semaines qu'elle se préparait psychologiquement à vivre cet instant crucial et pourtant, elle ne se sentait pas prête. Au fond d'elle même, elle savait qu'elle ne le serait jamais vraiment. Il fallait qu'elle affronte la réalité à un moment ou à un autre, sinon elle allait rester coincée derrière un panneau de signalisation jusqu'à la fin de ses jours. La miss se recoiffa dans le rétroviseur d'une voiture et vérifia une dernière fois l'état de son maquillage. Tout devait être parfait.
- Allez ma belle, c'est maintenant ou jamais.
La jeune fille ferma les yeux, vida son esprit et prit une grande inspiration. Enfin, elle prit son courage à deux mains et s'engagea dans la rue qu'elle avait déjà parcouru des milliers de fois sans se poser de question. Au fur et à mesure de sa progression, des silhouettes familières se dessinaient au détour des véhicules. Son pas était rapide, son allure assurée. Elle pénétra enfin l'enceinte du lycée. Voilà. Elle était bel et bien de retour.