- - Lauren, tu fermes?
- Entendue!
Dans la paillote n°5 au bord de Lac Michigan, Lauren s’affairait à vider les cartons de chips reçu l’après midi même alors qu’il n’y avait plus un seul clients assis aux tables dehors ou alors accoudés au bar à l’intérieur. Brett, l’employé à lunettes en croco ferma d’un coup de coude l’espèce de lampe orange volcanique géante dans le coin du bar et quitta l’endroit, sans un regard vers la jeune fille assise en tailleur derrière celui-ci : La paillote n°5 ou plus précisément « the scouby-gang refuge » était basé sur un concept assez particulier et outres le fait que celui-ci ait beaucoup de succès, Lauren trouvait ça aussi très amusant. Les 70’s régnaient! Bonjour style rétro pop et au revoir routine du quotidien, morosité, facture et crise financière… non, elle allait trop loin dans son enthousiasme mais elle mettait ça sur le compte des formes géométriques arrondis, kaléidoscopiques, funky …et psychédéliques.
On était donc samedi et Lauren travaillait au « scouby-gang refuge » depuis 6 mois déjà; non pas qu’elle ait vraiment besoin d’argent mais le fait de se faire un peu d’argent de poche elle-même, sans l’aide de sa mère et de son porte monnaie était important pour l’adolescente qui marquait là une espèce d’indépendance… quoi qu’elle l’eut depuis bien longtemps son indépendance et il ne suffisait qu’analyser la situation de ces derniers temps; Lauren vivait seule avec son frère aîné alors que Vittoria avait mit les voiles dans le Connecticut avec Jefferson et son casque de hockeyeur charmant, franchement qui ne rêverait pas de ce genre… d’indépendance? Évidement que Lauren ne se plaignait pas, seulement elle n’avait que 17 ans et ayant déjà perdue son père, elle se voyait mal sans mère… enfin, les choses avançaient ainsi et Lauren n’y pouvait rien, elle prenait son envol, c’était ça l’important. Finissant ainsi d’entasser les paquets de chips sous le bar, Lauren se dit qu’il était peut-être temps qu’elle ferme enfin la paillote et qu’elle quitte l’endroit; elle était extenuée. Se levant ainsi et posant le carton vide sur le bar, l’adolescente remit une mèche de cheveux fraîchement coupée derrière son oreille et avança vers l’arrière salle pour récupérer son sac gris souris à franche, sa veste en faux cuir et le reste de ses petites affaires. L’avantage avec ce travail-ci, c’était que Lauren n’avait même pas besoin de se changer, ses tenues faisaient largement l’affaire! Ce jour, par exemple, la petite brunette avait optée pour une robe boule bleu canard, des collants gris souris en laine et des converses jaune usées, plus ces bijoux qu‘elle avait trouvé dans un marché aux puces pour une bouchée de pain… c’était parfait pas besoin d’en faire des tas pour paraître sensas! Se passant une main dans les cheveux et enfilant sa veste rapidement, la jeune fille vérifia si tout était bien éteint et ferma le volet roulant du petit encadré qui donnait vers l’extérieur et qui n’obligeait donc pas les clients à entrer dans la paillote pour passer leur commande. Sa manœuvre faite, la brunette appuya sur l’extincteur principal et tout s’éteignit.
Étant maintenant sortie de la fameuse paillote, Lauren ferma la porte à double tour et frissonna quant à la fraîcheur qui lui transperçait la peau et le vent qui lui ébouriffait les cheveux. Il fallait pourtant qu’elle brave ce froid pour retourner jusqu’en ville et trouver un taxi ou un bus pour rentrer chez elle, elle qui avait laissé la voiture à Joe ce matin là. Seulement, la vue sur le Lac Michigan lui fit changer d’avis et descendant ainsi la petite pente de lambris, elle s’accrocha à la rambarde en glissant son sac sur son épaule pour sauter dans le sable froid qu’elle sentait à travers ses chaussures usées et enfin, se mordillant la lèvre elle se hissa sur la fameuse rambarde et s’assit dessus pour regarder à l’horizon. Elle se souvenait bien de son premier jour dans cette paillote; ses collègues l’avaient directement mise dans la case « fille trop strange » à cause de ses yeux de différentes couleurs et son patron avait des faux airs de Ralph Fiennes dans « The Schindler's List » de quoi vous foutre la frousse pour des décennies mais Lauren l’aimait bien quand même. Esquissant un faible sourire et relevant le col de sa veste, la jeune fille pencha la tête et plissa les yeux : devait-elle prévenir Joe qu’elle rentrerait un peu tard? Non! Il se débrouillerait pour le dîner!